O, Mon Dieu,
Ne serais-je pour Toi qu'un simple tabernacle,
Que mes jours et mes nuits, sans nul autre miracle,
T'apartiendraient alors entiers, renouvellés .
Répand sur moi l'eau vive, toi qui m'as apellé .
Donne à mon cœur meurtri d'oublier ses idoles,
Car au son de ta voix, l'écho de ta parole
Entraine toujours plus loin, mes regards vers les cieux .
Là, dans l'obscurité, les larmes dans les yeux,
Je m'incline, implorant ton pardon par mes chants,
Je pleure, je t'adore, Mon Seigneur, Dieu Vivant .
Ne serais-je pour Toi qu'une ombre dans l'Eglise,
La poussière posée sur quelques statues grises,
Que mon âme ennivrée par l'encens qui s'envole
Fleurirait en bouquet aux senteurs douces et folles,
Embaumerait le Ciel de saveurs si diffuses
Que mon être brulant d'une émotion confuse
Fondrait comme la neige sous un rayon de lune,
Quand seules dans la nuit, drapée de mèches brunes,
Les étoiles filantes, tissent le firmament
De milles feux brillants qui dansent dans le vent .
Oui, Mon Seigneur, je serai ce que tu veux de moi .
Tel un bon serviteur, je servirai Mon Roi .
Je te jouerai du luth, au tambourin à cordes
Je filerai le temps, et sur des feuilles mortes,
J'écrirai des chansons, des musiques, des rêves .
J'irai dans le jardin, celui d'Adam e Eve,
Je chercherai le fruit au destin si funeste,
L'écraserai du pied, en volée sur un geste .
Et comme l'oiseau libre, qui ouvre grand ses ailes,
Prosternés devant toi, nous resterons fidèles .
O quelle joie, Mon Dieu, de sentir en mon corps
Une tendre douceur qui me berce et m'endort .
Je voudrais de ce soir retenir le parfum
Serrer dans mes deux mains, les sons qui ne font qu'un .
Dans le silence, en moi, ta voix résonne encore .
Nul ne pourra ravir ce feu qui me dévore .
Fais de moi, Mon Seigneur, un vas de pureté
La montagne où se lève un grand soleil d'été .
Fais de moi, Mon Seigneur, un ange de lumière
Le plus petit de ceux qui portent ta bannière .
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