Depuis que tu es parti pour moi le jour décline.
Mon soleil qui brillait, dans l’étendue marine
En un monde inconnu aux lois qui assassinent,
A noyé ses rayons, son ardeur cristalline …
Je ne peux étouffer mes désirs audacieux.
Je ne peux m’empêcher de vouloir vivre heureux.
Au fonds de ces forêts, avec cet oiseau bleu
Je voudrais nous suspendre à ces fils délicieux,
Que tissent en secret les araignée géantes.
Le matin, silencieuse, sur leurs pattes puissantes,
Effleurant de leur soie des reflets épouvantes,
Elles voudraient ainsi sur leur piège, élégantes,
Nous dévorer tous deux et nos deux vies suspendre.
Je prendrais sur l’enclume, le sabre d’Alexandre,
Me battrais, cœur vaillant, et pour mieux te défendre,
Je tuerai l’animal, le réduirais en cendres.
Sur un tapis de mousse je tomberai, mourant
D’avoir dû affronter les démons et Satan.
Etendu sur le sol, sans fierté arrogante
Je fermerais les yeux sur la terre luisante..
Je te verrais courir, tes yeux seraient en larmes,
Tu te précipiterais, tu laisserais tes armes,
Tu oublierais tes yeux, tu oublierais ton charme,
Tu oublierais tes discours, tes hauteurs qui désarment.
Tu prendrais dans tes bras ton ami que je suis.
Contre ton cœur de pierre, comme une étoile luit,
Tu me dirais des vers qui sauvent de l’ennui,
Tu me dessinerais les milles et une nuits
La lampe d’Aladin, des femmes magiciennes,
Les antiques trésors, des draperies indiennes,
Tu me raconterais une valse de Vienne,
Tu jouerais sur tes doigts un air de Tyrolienne,
Et dans un rire fou, tu toucherais mes joues,
Tu me réveillerais, et sens dessus dessous,
Nous nous battrions pour rire, nous poussant n’importe où,
Nous jouerions aux bergers qui crient comme des fous.
Aux travers des montagne alors main dans la main,
Nous attraperions des rayons de satins ...
Du soleil embrasé, nous couvririons nos reins,
Nous lancerions des cris par delà les ravins.
Les falaises d’ardoise miroitant le ciel bleu
Solfieraient une Fugue, des Rondos délicieux,
Elles nous renverraient en échos harmonieux
Le chant doux d’une brise, le souffle de mon Dieu.
Soudain il pleuvrait fort, une de ces tempête
Qui s’abat sur les cimes, là-haut sur les arrêtes
Qui déchirent les nues, qui frappe à l’aveuglette
Les maisons, les oiseaux, animaux, pâquerettes …
Un déluge de feu battrait comme à Aubagne
Ses éclairs d’acier bleu. Au loin dans les campagnes
La pluie déverserait ses eaux, et vers l’Espagne
L’horizon inconnu chanterait Charlemagne.
Plus rien n’existerait hors mis la destruction ...
Des rochers et des mers, en pleine combustion
Surgiraient du néant. La terre en éruption
Cracherait enflammée des volcans d’explosions
Qui transformeraient le ciel en un sombre nuage
Asphyxiant nos corps, brûlant ton doux plumage.
Nous irions à l’abri, pour fuir de cet orage
La fureur des éclairs qu’un tonnerre propage.
Nous trouverions une antre, triste, grande, géante.
Tapi contre le roc de la grotte béante,
Nous redirions les vers en cercles, ceux de Dante
Qu’il dessina un jour en comédie savante.
Un oiseaux parmi nous se pose puis se tait.
Il est blanc, lumineux, comme lui non jamais
Je n’en vis d’aussi beau, un qui fut si parfait.
Il dépose à nos pieds une fleurs de la haie,
Déploie ses grandes ailes, en signe de bienfait
Met encore sur le sol, un rameau une baie.
Inondés d’un ciel bleu, nous tombons stupéfait
Car de Dieu cet oiseau est l’Ange de la paix.
Nous courons au dehors nous crions au miracle
La colombe redit des Prophètes l’oracle,
La matière et le Ciel fusionne sans obstacle
Et renaissent à nos yeux en un Saint tabernacle.
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