Camille,
Entends mon chant qui pleure . Il est une hirondelle
Qui traverse les airs, et les vierges du Ciel,
Déploient leurs grands manteaux en tissut de soleil .
Marie vient de cueillir au jardin des merveilles,
Ton âme blanche et claire, qui plane sur Marseille .
Non, ne t’envoles pas, petite sœur qui veille,
Attends moi sur les quais . La barque de Mireille,
T ‘emporte dans le vent sur les eaux qui s’éveillent .
Ne vois-tu pas,
Les Pierres, bruns, têtus, qui invoquent leur Dieu ?
Vois-tu de la colombe qui traverse les cieux
Le plumage soyeux . Un arc en ciel de feu
Déchire les nuages, peint l’univers de bleu,
Pour ton dernier voyage ; entends les chants joyeux .
A genoux, inclinés, ils tiennent, malheureux,
Leurs mains jointes enmélées, et le cœur douloureux,
Ils prient devant l’autel, résignés, silencieux.
O, Camille,Camille,
Jolie fleur des prairies que Dieu vient de faucher .
C’est pour mieux te parer en couronne de fée,
Qu’il vient te ramasser . Pour mettre à son bouquet,
Ton parfum délicat, subtil et velouté,
Pétales envolées, qui flottent un jour d’été,
Il t’a choisi, bel ange, tu es son épousée .
Du fond des océans montent une mélopée .
C’est pour toi que les eaux ne cessent de chanter .
Petite sœur du ciel,
Tu es dans les étoiles . Du coeur de Notre Dame,
S’échappe des parfums que ton regard enflamme .
De ton petit lit blanc, tu as rempli nos âmes
D’une foi profonde, en fil d’or de Bergames .
Dans la crypte inondée de lueurs où se pâment
Les lumières antiques de la reine des femmes,
Les pélerins du port ont suspendu leurs rames
En ex-votos sacrés pour leur Dieu qu’ils proclament .
Petite Camille,
Entends nos voix brisées qui crient vers Saint Victor,
Vers Cassien, et Lazare, Magdeleine et Castor .
Mais ton sourrire se fige, et déjà tu t’endors
Dans les bras de ta maman . Il neige au dehors,
Le ciel semé de pleurs, chuchote que tu dors .
Séchez vos larmes, et regardez encor .
Cette nuit, près de Dieu, une fleur vient d’éclore,
Les anges du Seigneur te couvre de l’aurore .
Petite sœur, Camille,
prie pour nous, prie encor, veille sur tes parents,
Prie pour les Pierres, que use le torrent,
Dans l’abbaye du port fait résonner tes chants,
Tu seras dans mon coeur et la brise et le vent .
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