J'ai connu les désirs des passions éphémères,
Dans mon corps j'ai vécu une aventure amère.
Au fonds d'un grand couloir, tapis dans la pénombre,
Se croisaient des regards aux couleurs rouge sombre.
J'ai voulu retenir mon instinct animal
Mais j'ai donné ma vie en pâture aux chacals.
Alors j'ai basculé dans l'ivresse des sens …
Au péril de ma chair, envoûté, indécent,
J'ai goûté dans le noir aux plaisirs interdits,
Assouvi effréné mes charnelles envies.
J'ai joui aveuglé dans des sphères exquises
Sans penser au péché, aux statues des Eglises.
J'ai atteint les sommets des valeurs immorales,
Enivré des parfums d'une honte infernale.
J'ai foulé, oublié tous mes rêves secrets.
J'étais comme un fantôme drapé qui va nu-pied.
J'ai crié, j'ai pleuré, j'aurais voulu Te voir,
Car j'étais écrasé au seuil du désespoir.
Mais je suis resté seul, et devant l'échafaud
J'ai entendu gémir des bêtes dans mon dos.
A chacun de mes pas, je devais respirer,
Plus fort, je paniquais, l'air allait me manquer.
Alors je trébuchais, secoué par les vagues,
Je fus enseveli comme un printemps de Prague.
Inconscient de la mort, je glissais lentement
Noyé par les tourments, le tourbillon des vents…
J'étais là, allongé, au milieu sans défense,
Gisant au cœur du vice. Malgré ma déchéance,
J'ai voulu voir le Ciel. Le Ciel n'existait plus.
Je me suis relevé pour trouver une issue,
Mais dans ces labyrinthes où l'on perd toute gloire,
Comment faire autrement que de cesser de croire.
Au moment de sombrer dans l'éternel enfer
Où règne la géhenne, et les démons de la mer,
Mon regard a croisé Ton Visage ingénu
Et je me suis caché car bien sûr j'étais nu.
Oh, Mon Dieu, tend les bras, tire-moi sur la rives,
Oh, Mon Dieu, Tu le peux, puisque Ton règne arrive !
Prend pitié, sauve-moi, pour la dernière fois,
Eloigne cet abîme, je meurs et je me noie.
Le malin je le sais gonflera le torrent,
Les eaux déchaîneront la force du courrant.
Il voudra m'éloigner, effacer mes promesses,
Enterrer pour toujours la musique des messes.
Je croirai être alors cet homme abandonné
Qui attend la sentence et ne peut espérer.
Des nuages de feu couvriront les collines,
Enflammeront le ciel dans le jour qui décline,
Et sur les flots la mer creusera un tel gouffre
Qu'au fonds de l'océan, j'irai vers ceux qui souffrent.
Soudains, Tu te souviens, Tes yeux sont plus brillants,
D'un geste de Tes mains, je deviens innocent.
Je Te vois, Tu avances, Tu marches sur les eaux,
La tempête a cessé, Tu ranimes l'oiseau.
Le calme est revenu et mon âme s'endort …
Je suis comme un pêcheurs qui retrouve le Port.
Là-bas dans le ciel bleu sur un fil d'horizon,
Je perçois la saveur, le rythme des saisons,
Les caresses de l'air sur mon corps qui frémit,
Refermant pour toujours les plaies que Tu guéris.
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